22 SEPTEMBRE 1941

MESSAGE

DE CHAMBÉRY

MES CHERS AMIS DE SAVOIE

Me voici. Si j'ai dû tarder à me rendre votre appel, ma joie n'en est quelus vive de me trouver aujourd'hui parmi vous. Je suis fier d'être accueilli par des manifestations à la fois si touchantes et si confiantes. C'est qu'en ma personne vous saluez la Patrie cruellement blessée, mais qui déjà manifeste les signes du retour à la vie.

Ce retour, vous entendez y contribuer avec toutes les énergies latentes au coeur de nos populations montagnardes. J'en connais la valeur, ayant éprouve moi-même, au début de ma carrière, l'influence vivifiante de la fréquentation des sommets.


Nous sommes descendus très bas, mais nous connaissons la montagne et la remontée ne nous effraye pas. L'ascension est commencée et il me semble entendre venir de vos rangs, où se sont formés tant de guides infatigables, le cri : « Plus haut. »

Il faudrait que dans tous les ordres du travail, spirituel, intellectuel, technique et manuel., ce fût là comme une consigne nationale. Ce cri est celui des élites. Il nous arrive de partout, même où l'épreuve est la plus dure: des foyers que la mort a visités et au sein desquels la captivité entretient les angoisses de l'absence; de nos cités et de nos campagnes où l'insuffisance des ressources occasionne tant de privations; des départements dont nous sommes séparés et qui pourraient ne pas sentir avec quelle sollicitude nous pensons à eux; des camps de prisonniers où ceux qui ont lutté avec tant d'héroïsme veulent du plus profond de leur âme s'unir à nous, voire même nous tracer notre devoir. Là, sont les meilleurs. Je voudrais justifier leur confiance ainsi que la vôtre.

Notre maison nouvelle, où nous avons l'espoir de vivre dans le bonheur et dans la paix, se reconstruit pierre à pierre. Bientôt, les fondations en seront établies selon les

principes arrêtés par la commission de Constitution qui a longuement siégé à m côtés. Des conseillers nationaux, choisis po leur savoir et leur expérience, m'ont souir un texte instituant un régime de ferme aut rité et prenant en considération les tendances naturelles de nos populations, ainsi que leu aspirations et leurs besoins. Ils entendent ne pas se laisser influencer ou séduire par la magie des discours qui ont retenti autrefois dans les enceintes des assemblé, politiques.

Ils ont approfondi les graves problèmes d'organisation de la communauté national établi la priorité des devoirs sur les droits et préparé le règne d'une saine justice social, Leur oeuvre est rationnelle et pleine de pro messes. Le ciment de l'État nouveau à 1 base se soudera indissolublement à la terre française.

Une part essentielle de cette oeuvre, c'est la restauration de la vie locale. Conformémer aux études et aux propositions d'une deuxième commission, elle comportera un jeu plus libre et plus souple de nos institutions dans ce cadre provincial rénové dont la présentation folklorique qui a eu lieu à Vichy le 31 août, nous a donné un avant-goût. Il importait que nous puissions faire revivre les coutumes et les traditions des petites patries de notre incomparable terroir. Vous y tenez vous-mêmes de façon très particulière. Ce désir est à votre honneur, il se réalisera.

L'organisation de la province est nécessaire pour articuler de façon rationnelle les rouages d'une machine administrative alourdie, et pour adapter son fonctionnement à l'économie moderne. La province de demain devra Être organisée de manière à pouvoir se suffire à elle-même. Elle sera plus large et plus aérée que celle d'autrefois afin de produire toutes les ressources qui seront indispensables à sa population. Elle devra disposer de puissants moyens de communication et de facilités répondant aux exigences de son commerce.

Enfin, une troisième commission a été' réunie pour mettre sur pied la Charte du Travail que vous attendez avec une légitime impatience. Le but que je me propose en établissant cette charte, est de supprimer la lutte des classes.

Chacune de ces classes poursuivait, avec des vues propres, des intérêts souvent égoïstes et contradictoires. Elles se regardaient avec méfiance et dans trop de circonstances manifestaient une opposition violente les unes contre les autres... Il semblait que la Frai fût divisée en deux camps.

D'une part les patrons, et de l'autre ouvriers et les paysans.

Aujourd'hui nous voulons instàur l'entente et la concorde. Dans une même entreprise et dans le groupement de divers entreprises, les patrons et les ouvriers sero en contact permanent. Ils délibérero ensemble. Ils seront tous, dans des conditio justes et humaines, les participants d'u réussite qui leur tiendra également à coeur La notion du comité social mixte remplace celle du syndicat partisan et, pas à pas, no nous acheminerons vers l'établissement d' corporatisme qui, tenant compte des évolutions du social et de l'économique, rappelle à maints égards l'étroite solidarité qui existait autrefois parmi les travailleurs si remarqu blement consciencieux de nos vieilles familles.

Il est bien entendu que la paysannerie aura, elle aussi, sa charte. J'ai foi dans,] destinées de notre commune entreprise.

Elle est inspirée par un amour passionné pour la France à qui, avec l'aide de Dieu je veux rendre la grandeur d'un passé dont elle restera digne désormais.

A cette tâche je consacrerai tous ni efforts, et mon invincible espoir repose sur ma certitude d'entraîner la France entière et son magnifique Empire.

Savoyards et vous tous Français qui M'écoutez, serrez vos rangs autour de moi, puisque vous m'avez choisi pour chef

Le Gouvernement actuel est une équipe solide et laborieuse animée de la seule ambition du bien général. Il tiendra les promesses que je vous ai faites dans mon message du 12 Août.

Facilitez-lui sa tâche en taisant les critiques que pourrait vous inspirer une certaine manie de dénigrement qui a souvent stérilisé nos efforts.

Le monde entier vous regarde avec sympathie, malgré la défaite que nous avons sans doute provoquée par nos fautes, mais qui a dépassé le juste châtiment de nos erreurs.

Oui, avec sympathie, car il sait ce que nous valons, ce que représente notre civilisation, quelles sont les ressources de notre race. Soyons-en nous-mêmes ardemment convaincus : c'est la condition nécessaire de notre renaissance.