23 SEPTEMBRE 1941

MESSAGE

D'ANNECY

MES CHERS AMIS DE LA HAUTE-SAVOIE

Comme l'ont fait hier vos compatriotes de la Savoie, vous voici réunis en foule devant moi. Cette union saurait être une rencontre éphémère autour du Chef de l'État; elle marque votre ardent volonté de travailler à la rénovation des valeurs morales et des nobles traditions, dont l'abandon a failli causer notre perte.

Vous avez entendu ce que j'ai dit, à Chambéry, pour caractériser cette rénovation dans l'ordre constitutionnel, au sein de notre Patrie : nous organiserons la France en provinces, que nous doterons d'institutions destinées à restaurer la vie locale à l'intérieur de la communauté nationale ; enfin, nous promulguerons une charte du travail, qui aura pour effet de maintenir la concorde parmi les travailleurs.

Ne récriminons donc pas vainement sur le passé et tournons-nous délibérément vers l'avenir. Qu'on ne parle plus de décadence ou de déclin : l'aveu de nos faiblesses d'hier nous rendra la force de travailler à notre nouveau destin.

Qu'on ne se fasse pas une montagne des obstacles se dressant devant nous : ceux de chez vous ne craignent pas de telles difficultés, dont même ils se font un jeu. Ces obstacles, je me suis habitué, comme vous, à les regarder en face. Le principal réside dans le fait que nous avons momentanément perdu cette liberté pour laquelle, cependant, tant de sang a coulé chez nous au cours des siècles. La liberté, nous la reconquerrons par le travail.

Dans les villes et les campagnes, dans les usines, dans les ateliers et dans les fermes, dans les facultés et dans les écoles, vous vous êtes remis à la tâche. Nous- nous efforçons, le Gouvernement et moi, de vous guider et 'de vous aider. Faites-nous confiance.

Comme je l'ai toujours fait au cours d'une longue carrière avec les personnes dont j'avais la charge, j'entends prendre avec vous d contacts aussi fréquents que possible., Vol savez combien je suis attentif à soulager ceux qui souffrent : ouvriers et paysans dans peine ou le chômage, compatriotes lointains qui ne pouvez entendre ma voix, parents q avez perdu votre fils ou qui en êtes séparé familles privées des ressources nécessaires votre subsistance, je pense à vous sans cess je voudrais vous préserver, à l'avenir, de tout ce qui vous a divisés autrefois. Le pays, ne se sauvera que par l'union de tous il Français.

Il m'est arrivé de vous dire parfois de dur vérités ; aujourd'hui, je serai moins sévèr parce que j'ai le sentiment d'un renouveai Il me semble que le nombre de ceux qui ont compris notre situation s'est accru; vous ne le percevez pas comme moi, car vous et moins informés des raisons fondamentales mon espoir. Il vient de vous, cependan sans que Peut-être vous vous en doutiez; vient de ces bonnes volontés qui se rapprochent les unes des autres, autour de ma chère Légion, pour réaliser l'assemblée des citoyens fidèles, sous ce bel idéal qu'ont cultivé nos anciens combattants; il vient de ces prisonniers qui ont réfléchi, dans le silence et l'isolement, et réveillé dans leur coeur une -foi que le doute avait affaiblie: ils me clament leur inébranlable volonté de nous aider dans notre rude tâche.

Cet espoir vient de vous, populations de la Métropole et de l'Empire, qui me donnez la preuve de votre esprit de sacrifice et qui, sachant souffrir, prouvez que vous méritez de vivre, et vous vivrez !