19 FÉVRIER 1942

DISCOURS

AUX PRÉFETS

 

MESSIEURS LES PRÉFETS

A cérémonie qui vient de se dérouler est une éclatante manifestation d'union nationale affirmée par le sentiment unanime de votre assemblée. Votre serment vous lie à la personne du Chef de l'État et à la réalisation de notre redressement.

Je remercie Monsieur le Ministre de l'Intérieur de m'avoir fait connaître, par la voix du gouverneur général de l'Algérie, les sentiments des trois préfets absents, à l'égard du Gouvernement et de ma personne.

J'adresse mon plus affectueux salut aux résidents généraux du Maroc et de Tunisie, qui sont ici présents, ainsi qu'à tous les gouverneurs de nos colonies lointaines. Il m'est infiniment agréable d'avoir la certitude que la Métropole et l'Empire sont entièrement derrière nous et nous apportent leur fidélité, leur confiance et leur ardeur à 44 servir ".

De notre redressement, j'entends que vous soyez les principaux artisans. Votre autorité ne sera plus entravée par des compromissions ou des sollicitations qui visaient trop souvent à tourner les lois ou à y apporter des accommodements.

Rappelez-vous que l'autorité a pour base l'estime et la confiance des administrés.

L'action de présence est un moyen décisif de gagner cette estime et cette confiance. J'ai eu l'occasion d'en faire l'expérience dans plusieurs circonstances difficiles.

A mon exemple, prenez des contacts intimes avec vos populations des campagnes et des cités. Vous comprendrez ainsi leurs aspirations et leurs possibilités.

La paysannerie française a assuré la pérennité du Pays à travers les vicissitudes de l'Histoire. Ses traditions ont permis à la

France, dans le passé, de surmonter les plus dures épreuves, et de retrouver dans l'immuable force des campagnes le courage de vivre et les raisons d'espérer.

Mais la paysannerie est à la fois garante et dépendante de l'équilibre social du Pays, et les paysans ne pourraient échapper seuls aux malheurs qui frapperaient la Patrie si leurs frères des villes succombaient dans les difficultés du présent.

Notre grand devoir à tous est de produire plus et de partager mieux. La leçon d'aujourd'hui est l'intime solidarité des membres d'un peuple qui ne peuvent que vivre unis ou périr ensemble.

En France surtout, les campagnes sont unies aux villes par trop de liens familiaux et sociaux, les générations urbaines sont trop proches encore des générations rurales, pour ne pas conserver entre elles d'étroites affinités. Tous, paysans et citadins, comprennent qu'il est nécessaire d'établir un plan concerté de production agricole et d'orientation des échanges. Pour augmenter la production nous tracerons aux paysans certaines règles, nous leur demanderons d'accepter certaines sujétions. Ils devront obéir avec toute leur conscience aux règles tracées. Il y va de leur intérêt même; il s'agit de leur responsabilité vis-à-vis de la communauté nationale.

La corporation agricole, lien naturel entre la paysannerie et les administrations, constitue ainsi un véritable service publie chargé de nourrir le Pays et de sauver la race française.

En enfreignant cette discipline, chaque membre de la corporation s'exclurait lui-même de l'unité nationale. En s'y soumettant, il hâte le retour des jours meilleurs et il s'associe au plus grand bienfait que puisse connaître une nation : la paix sociale.

De tous les fléaux qui menacent un peuple, le plus grand est la lutte entre classes et la haine entre frères.

J'ai dit que la solidarité des campagnes et des villes devait assurer la subsistance des citadins. Je veux dire aussi ce que doit être l'union entre les ouvriers et les patrons, entre ceux qui détiennent la force et ceux qui détiennent l'autorité.

Nous n'avons pas su, dans le passé, éviter ces conflits qui ne laissent que des ruines et ces revanches qui ne laissent que des rancunes.

La Charte du Travail ne doit susciter ni la méfiance des patrons qui craignent parfois

que leur autorité soit contestée, ni l'hostilité des ouvriers qui redoutent que leur voix ne soit pas entendue. Elle est faite pour aider employeurs et employés à établir un ordre stable et fécond sur leurs devoirs réciproques.

Dans ses principes, elle respecte aussi bien la hiérarchie des mérites et des services que la représentation des intérêts populaires. Dans son application elle sera, comme toutes les institutions humaines, ce que les hommes la feront.

Mes idées sur ces projets sont bien connues. J'ai confiance qu'elles seront comprises et appliquées. Ma confiance s'appuie sur l'accueil qu'ont reçu mes communications de Saint-Étienne, de Commentry, de Montluçon, d'Aubusson.

Peut-être y a-t-il encore des égoïsmes en embuscade sur les chemins de la Révolution Nationale.

La première condition de la paix sociale est l'union des coeurs.

Au milieu des dangers qui,menacent les peuples, dans la tourmente qui envahit le monde, les pays qui éviteront la guerre civile garderont seuls la force d'atteindre des temps plus heureux.

La propagande qui se développe selon mes instructions générales et qui, localement, doit être orientée par vous, est l'objet de maintes critiques.

Il faut reconnaître qu'il est très difficile de donner satisfaction à l'opinion publique sur des thèmes qui ne peuvent s'appliquer à tous les lieux et à toutes les situations. Les populations ne sont satisfaites que si elles sont informées des événements auxquels elles portent un intérêt immédiat. Or la propagande n'a pas seulement pour but de faire plaisir à ses auditeurs, elle a surtout pour objet de faire accepter les idées utiles à la Révolution Nationale.

Les idées exprimées dans mes messages forment une réserve dans laquelle on trouvera les éléments d'une bonne propagande en faveur de notre redressement.

Les thèmes principaux sont :

- unir tous les Français par le travail;

- abolir tout ce qui peut les diviser luttes partisanes et opposition des classes;

- écarter résolument la prééminence des intérêts particuliers sur les intérêts généraux;

- lutter contre l'accaparement sous ses formes diverses : accaparement des consciences, accaparement des biens par les privilégiés.

Pour assurer le succès de cette propagande, je voudrais pouvoir généraliser la méthode en usage dans la zone non occupée avoir auprès de vous des délégués officiels à la propagande chargés de divulguer cette doctrine et des propagandistes légionnaire

qui, selon les traditions de la Légion, doivent travailler en plein accord avec le Gouvernement et ses représentants qualifiés.

Alors, vous nous ramènerez les masses encore hésitantes.

Vous vous attacherez davantage certains fonctionnaires qui attendent la leçon des faits pour se, libérer de l'emprise du passé.

Vous aiderez et stimulerez des maires qui sont pleins de bonne volonté, mais qui, dans le labyrinthe des lois et décrets, comptent sur vous pour leur faciliter leur tâche.

Une haute compréhension de votre rôle, les exemples que vous donnerez personnellement par la dignité de votre vie, la discipline dont vous ferez preuve vis-à-vis du Gouvernement feront de vous des administrateurs modèles et les animateurs dont ont besoin la France souffrante et son Empire.

Votre ministre vous l'a déclaré : il veut que vous soyez de véritables chefs spirituels.

Il n'est pas de meilleure façon de résumer ce que nous attendons de vous.

C'est l'âme de la France qui est surtout à revaloriser car elle s'est trouvée, ces vingt dernières années, inférieure à son passé.

Nous lui rendrons sa qualité.

Elle redeviendra courageuse dans la souffrance réalisatrice dans la lutte pour; le relèvement national, compréhensive des nécessités de l'heure et de l'organisation d'un monde nouveau, généreuse et sans haine dans les rapprochements que nous imposeront les lendemains d'une époque tragiquement troublée.

Et ainsi, messieurs les préfets, en vous conformant à ces conseils, vous aurez travaillé pour la grandeur de la France et pour la civilisation.