25 MARS 1942

APPEL

AUX

PAYSANS DE FRANCE

 

PAYSANS, MES AMIS

Le ravitaillement en pain est menacé. Pour faire face aux besoins de la population, plus de trois millions de quintaux de blé par mois sont nécessaires et les premières céréales n'apparaîtront que dans quatre mois et demi. Afin de faciliter leur répartition, il est indispensable que le Gouvernement connaisse exactement les quantités panifiables dont il pourra disposer.

C'est pourquoi il a décidé que tous les blés devront être livrés battus avant le 21 avril. Vous aurez à coeur d'obtempérer à cette décision dans la plus stricte discipline. Il s'agit d'une mesure -de salut publié. Si tous les producteurs se permettaient de garder ou de gaspiller ne fût-ce qu'un sac de blé, cette mauvaise action, qui équivaudrait à un vol caractérisé, aurait pour conséquence' de priver de pain pendant un mois tous les Français. Cette privation atteindrait les gens des campagnes comme les gens des villes.

Toute dissimulation, toute dilapidation de blé constituerait donc un crime impardonnable. Les syndics locaux et régionaux de la corporation paysanne, ainsi que la Légion, interviendront, s'il y a lieu, auprès des exploitants pour rappeler chacun au sentiment de son devoir.

Je souhaite qu'il n'y ait point de déserteurs parmi vous et que les autorités n'aient pas à constater de défaillance.

Je connais toutes vos difficultés. Vous manquez d'engrais, de carburant, de chevaux, de moyens de traction. Vous manquez de main-d'oeuvre et vous attendez dans l'anxiété le retour des prisonniers. 1 .

Certes, vous êtes à plaindre, mais vous n êtes pas les seuls et je suis, croyez-le, mieux placé que qui que ce soit pour apprécier l'urgence de nos besoins, pour rappeler à chacun le devoir d'entr'aide et de solidarité que lui imposent les circonstances.

Je n'oublie pas que c'est grâce à vous que la soudure a pu être réalisée l'an dernier, Je vous demande le même effort. Répondez à mon appel. Aidez-moi cette fois encore assurer à tous les Français le pain quotidien.