Et, de quelque amertume que s'accompagne notre lente expiation, c'est à la décision de y a deux ans qu'il convient de rendre d'abord son véritable sens. Grâce à elle, nos possibilités de redressement demeurent.
Responsable de la vie physique et morale de la France, je ne me dissimule point, cependant, la faiblesse des échos qu'ont rencontré mes appels.
Certes, le Gouvernement de ce pays n'a pas été exempt d'erreurs. A l'insuffisance des denrées nécessaires à la vie, une administration trop souvent désinvolte et parfois incapable, a laissé s'ajouter des inégalités et des abus. L'ouvrier souffre, et sa passivité forcée ne peut être prise pour de la résignation, le paysan s'impatiente, les maires sont surchargés de besogne, le châtiment des spéculateurs demeure insuffisant.
Mais, croit-on que le recours aux méthodes d'autrefois nous eût plus certainement sauvés?
Croit-on surtout, qu'à côté des déficiences trop réelles de l'État, l'inertie, la convoitise, l'égoïsme de beaucoup de Français n'aient point rendu vains bien des efforts?
Et si, parfois, le mécontentement grandit, si la colère gronde, n'est-ce pas d'abord contre l'injustice qu'ils se manifestent, contre la dureté des coeurs., contre le pouvoir
avilissant de l'argent, contre ces lâcheté humaines qui sont, certes, de tous les temps mais que la misère du peuple rend aujourd'hui doublement odieuses?
J'ai souffert, bien souvent, en constatant qu'au lendemain de la défaite, trop de Français n'avaient point su s'élever à la hauteur de leurs devoirs.
Et, cependant, je ne perds pas -éonfiance.
Les lassitudes, les négligences, les reproche ne m'ont pas rebuté. Un sourire d'enfant, 1, regard d'une mère, l'ardeur décidée des jeunes me rendraient, s'il était nécessaire, tout moi courage.
Dans cette succession d'espoirs, d'échecs d'incertitudes, de sacrifices, de déception qui marquèrent les deux premières années à l'armistice, n'était-ce point, au fond, la France, la France blessée, la France aveugle qui se cherchait?
Elle se retrouvera j'en ai la certitude.
Chassez le doute de vos âmes, mes cher amis et bannissez-en, si vous le pouvez l'acerbe critique.
Pensez au Chef qui vous aime et qui, pour vous, se tient encore debout sous l'orage.
Il n'oublie, croyez-le, ni vos prisonniers qui sont si loin, ni vos champs qui vous, occasionnent bien des déceptions, ni vos usines qui tournent avec tant de peine, ni vos foyers que visite la faim.
Il voudrait, pour vous, faire plus encore. Puisse-t-il au moins, en ce second annivesaire de l'une des dates les plus cruelles de notre Histoire, vous faire partager la grande espérance qui l'anime toujours et dont il demande à Dieu qu'il la réalise, même après sa mort, pour le salut de notre Pays.
Vive la France!