MESSIEURS LES MEMBRES DE LA CORPORATION
Dans un message de Pau du 20 avril 1941, j'annonçais la volonté du Gouvernement de donner à la paysannerie la place qui lui revient dans la Nation et d'organiser la corporation paysanne.
Celle-ci a été créée, en effet, par la loi du 2 décembre 1940 dont l'objet est de rassembler toutes les forces rurales françaises groupées dans un véritable esprit d'union.
Je suis heureux de saluer aujourd'hui la corporation de la Corrèze et en particulier Monsieur Couderc, son syndic.
J'ai eu la bonne fortune de prendre connaissance, avant mon arrivée ici, du rapport dont il vient de vous donner lecture.
Comme vous avez pu vous en rendre compte, ce rapport présente, d'une façon magistrale, la configuration générale du pays : montagne. plateau, bas-pays; en somme, région de polyculture et de petites exploitations, paysans attachés à leur terre attendant la corporation qui doit leur apporter l'union et la solution à de multiples difficultés sans cesse renouvelées.
Votre corporation est maintenant un fait accompli.
Vous m'assurez, Monsieur le Syndic, et l'accepte bien volontiers cette assurance, que votre comité et les syndics de vos 28.2 communes et tous les membres de la corporation sont acquis à la loi du 2 décembre 1940 et vous manifestez le désir de m'attribuer une distinction en me nommant "Syndic national ".
C'est un titre dont je ne serais pas peu fier, mais songez aux conditions et aux formalités qu'il faudrait remplir pour m'autoriser à le porter.
Nous remettrons, si vous le voulez bien ce projet à plus tard.
La politique agraire du Gouvernement est fondée sur le concours de la paysannerie tout entière qui doit être unie, forte, instruite et intéressée aux résultats.
L'organisation corporative doit dégager 1 élites qui, ayant conscience des buts atteindre, travaillent avec l'aide du Gouvernement à hausser la Paysannerie.
La corporation doit demeurer essentiellement paysanne. Sa base est le village.
Son rôle est de faire régner la justice. Mais la justice ne comporte pas seulement des droits, elle comporte aussi des devoirs.
Ces devoirs sont d'abord ceux que vous dicte la solidarité française qui est plus indispensable dans le temps que nous vivo qu'elle ne le fut à aucune autre époque notre Histoire.
Le Gouvernement demande aux ouvriers des cités de faire preuve de solidarité allant faire la relève de nos prisonniers.
A vous, unis dans votre corporation, demande de ravitailler les villes où trop souvent des hommes, des femmes et des enfants ont faim.
Je n'ignore rien des difficultés auxquelles vous vous heurtez dans l'accomplissement de votre tâche. Je ne vous demande pas moins de la poursuivre et de faire plus encore.
Il y va de la vie du Pays.
Si la corporation paysanne doit vous aider à résoudre les difficultés quotidiennes, elle doit aussi permettre d'accomplir, grâce à l'appui que lui demandent les pouvoirs publics, la réglementation qui vous accable.
Tel est le domaine de l'immédiat. Mais la corporation paysanne n'est plus une réalisation temporaire, faite seulement pour passer un moment particulièrement difficile. Il faut qu'elle soit une oeuvre durable, qu'elle soit la pierre angulaire de l'édifice corporatif de la France de demain.
Et plus tard, paysans de France, vous pourrez dire avec fierté.
Nous avons été le premier jalon de la renaissance française.
(Ce message a été prononcé à Tulle.)