Français,
Notre pays, traverse des jours qui compteront parmi les plus douloureux qu'il ait connus. Excités par des propagandes étrangères, un trop grand nombre de ses enfants se sont livrés aux mains de maîtres sans scrupules qui font régner chez nous un climat avant-coureur des pires désordres. Des crimes odieux, qui n'épargnent ni les femmes ni les enfants, désolent des campagnes, des villes et même des provinces hier paisibles et laborieuses.
Le gouvernement a la charge de faire cesser cette situation et s'y emploie. Mais il est de mon devoir de vous mettre personnellement en garde contre cette menace de guerre civile qui détruirait tout ce que la guerre étrangère a épargné jusqu'ici. Ceux qui poussent la France dans cette voie invoquent leur prétention de la libérer.
Cette prétendue libération est le plus trompeur des mirages auxquels vous pourriez être tentés de céder. C'est le même égarement qui poussa naguère des Français à renier leur parole et leur serment pour sacrifier à un faux idéal patriotique dont nous voyons aujourd'hui les fruits en Afrique du Nord.
Le bolchevisme, qui s'est servi d'eux, les écarte à présent et, sur une terre française, nous assistons au spectacle de tribunaux illégaux condamnant à mort des Français coupables d'avoir obéi à mes ordres. La dissidence a préparé là-bas les voies au communisme. L'indiscipline engendre chez nous le terrorisme. L'un et l'autre sont deux aspects du même fléau.. Ils se couvrent du pavillon du patriotisme. Mais le vrai patriotisme ne saurait s'exprimer que par une fidélité totale. On ne compose ni avec son devoir ni avec sa parole.
Ceux qui, de loin, vous lancent des consignes de désordre ne participent pas aux risques qu'ils vous font courir. Ils voudraient entraîner la France dans une nouvelle aventure, dont l'issue ne saurait être douteuse.
Français, quiconque parmi vous, fonctionnaire, militaire ou simple citoyen, participe aux groupes de résistance compromet l'avenir du pays. Il est dans votre intérêt de garder une attitude correcte et loyale envers les troupes d'occupation. Ne commettez pas d'actes susceptibles d'attirer sur vous et sur la population de terribles représailles. Vous précipiteriez la patrie dans les pires malheurs. Vous la priveriez de l'assistance d'une partie de ses enfants, dont elle aura grand besoin pour les tâches immenses que comportera la paix. jeunes gens qui brûlez du désir de servir, les voix qui vous prêchent la désobéissance ne sont pas des voix françaises.
Paysans, ouvriers, vous tous mes soldats d'hier, vous résisterez à ceux dont les conseils perfides, en vous menant sur les routes du déshonneur et de la trahison, livreraient la patrie à un désastre que tous mes efforts ont voulu lui éviter.
Parents qui n'avez pas toujours montré à vos enfants leur véritable devoir, secondez mes efforts et ceux du gouvernement.
L'ordre, le travail, l'union sont les conditions nécessaires de notre relèvement que l'anarchie compromettrait irrémédiablement. Quand la tragédie actuelle aura pris fin et que, grâce à la défense du continent par l'Allemagne et aux efforts de l'Europe, notre civilisation sera définitivement à l'abri du danger que fait peser sur elle le bolchevisme, l'heure viendra où la France retrouvera et affirmera sa place. Cette place sera fonction de la discipline qu'elle aura montrée dans l'épreuve et de l'ordre qu'elle aura su maintenir chez elle.
Français, la lumière de notre civilisation chrétienne éclaire chacun de vos foyers. Ceux qui tentent d'en affaiblir l'éclat oublient qu'elle leur manquerait à eux-mêmes si elle venait à s'éteindre. Vous en avez la garde avec moi. L'Europe n'aurait que faire d'une France divisée, oublieuse de ses traditions et clé ses vertus, tandis que l'Occident attend beaucoup d'une France unie et fidèle groupée autour de son chef légitime et son drapeau.
