Légionnaires,
Les événements ne nous permettent pas, cette année, de donner sa solennité habituelle au quatrième anniversaire de la fondation de la Légion française des combattants.
Lorsque j'ai, il y a quatre ans, créé votre légion, elle avait pour objet de réunir, dans l'oubli des dissensions de la veille, tous ceux qui voulaient consacrer leur énergie à servir leur pays. J'eus la satisfaction de voir se lever l'immense rassemblement des combattants de 14-18, de 39-40, des campagnes coloniales, pour s'unir, comme je le désirais au sein d'une organisation qui allait bientôt recouvrir toute la France et l'Empire resté libre.
Des erreurs, des impatiences, des incompréhensions devaient inévitablement marquer le développement d'un mouvement si nombreux. Mais, en dépit des difficultés qui surgirent dans ces années ingrates, vous m'avez suivi dans l'accomplissement de la tâche que je vous avais confiée. Je tiens, en un tel jour, à vous donner ce témoignage.
Je pense surtout à l'avenir de la France. J'ai tracé dans mes messages les lignes générales d'une doctrine qui repose essentiellement sur les principes de l'unité française. Les événements ont pu en retarder ou en gêner l'application: ils ne sauraient en changer ni la vérité ni la valeur. Rien ne doit vous troubler dans votre fidélité ni dans votre discipline. N'étant pas un organe de mouvement, ne constituant pas un parti et, placés sous mon commandement suprême, vous n'avez à défendre que les intérêts français.
Le 14 juin dernier, après qu'avaient surgi des événements de guerre qui se déroulaient sur une partie de notre sol, j'ai tenu à vous définir votre devoir, dans un message qui s'adressait spécialement à vous.
Je voulais que connaissant toute ma pensée, vous en eussiez en quelque sorte la charge et le dépôt.
Je vous ai dit que je comptais sur vous pour travailler à la réconciliation des Français, car aujourd'hui comme hier l'unité de notre pays est le gage de sa résurrection.
Ces consignes je vous les confirme aujourd'hui où nous vivons des heures décisives pour le salut de notre patrie. Appliquez-les à toutes les situations particulières où vous pourrez vous trouver placés. C'est la France, et la France seule, que vous devez servir. Vous reconnaîtrez ceux qui sont dignes d'être vos chefs à ce qu'ils n'ont d'autre règle que celle-là.
Votre devoir est clair: unir autour de vous tous ceux qui, animés du même patriotisme, veulent sauver leur pays et travailler à sa grandeur.
Que votre exemple serve à conduire tous les Français sur les voies de l'honneur, de l'ordre et du salut.