Le Général d’Armée Pierre HERING (1874 - 1963)
Pierre Héring est né à Strasbourg le 23 Mars 1874.
Fidèle à la tradition – le père du Général était polytechnicien -, il entre à l’X le 1er Novembre 1892, et en sort dans l’artillerie.
On le trouve de 1900 à 1902 à Madagascar auprès du Colonel JOFFRE, avec qui il organise la défense de la rade de Diego Suarez.
Sorti premier de l’Ecole de Guerre en 1903, son intelligence, son dynamisme, sa clarté d’esprit sont vivement appréciés. Capitaine en 1906, il se retrouve de 1908 à 1911 à Dijon, puis est affecté au 2ème bureau, et mis à la disposition du Conseil Supérieur de la Guerre.
En 1914, promu Chef d’Escadron, puis Lieutenant-colonel, il se fait apprécier dans la troupe. Sa connaissance de l’anglais comme langue et comme homme, le fait désigner par l’Etat Major comme Officier de liaison auprès de la IVème armée britannique. Les services qu’il rend le signalent à la fois aux yeux de Pétain, de Foch, et de Haig, ce qui le fait nommé Chef d’Etat-major du Groupe d’Armées de l’Est.
Colonel en 1919, le Maréchal Pétain, en 1922, le désigne comme son « fils spirituel » et le désigne Chef d’Etat Major de son cabinet.
Promu Général de Brigade en 1924, le commandement de l’Ecole Supérieure de Guerre lui est confié de 1926 à 1928. C’est à ce poste que ces qualités s’épanouissent. L’esprit très fin, doué d’une grande culture, sachant se décider, et ennemi juré de tout conformisme, il prévoit la forme que prendra la guerre future, toute de mouvement par suite de l’intervention des chars et de l’aviation.
« C’est lui qui impose l’organisation de groupements tactiques adoptés par les américains sous le terme de « combat team »ou « combat command » qui permettront aux alliés et aux forces françaises renouvelées d’écraser les boches en Italie, en France, et au-delà du Rhin » *
« J’ai prêché dans le désert, et, somme toute, je n’ai eu qu’un élève ; c’est le général von BRAUSHTICH »**
Trop visionnaire pour ses pairs, il n’est pas suivi par le Haut Commandement et par le Gouvernement.
En Décembre 1928, nommé Général de Division, il prend le commandement de la 15ème Division à Dijon. Général de Corps d’Armée en 1931, il passe à Besançon à la tête de la 7ème région, étendant son action jusqu’au Rhin, puis est nommé au Conseil Supérieur de la Guerre, avec résidence à Strasbourg, ville natale dont il devient Gouverneur.
Il est fait Général d’Armée en 1936.
A 65 ans en 1939, il est rappelé à l’activité comme Gouverneur de Paris au moment où éclate la Deuxième Guerre Mondiale. Devant la formidable attaque allemande, nos armées reculent. Le général Weygand a besoin d’un chef au centre de son dispositif de retraite, et crée l’Armée de Paris dont le Général Héring prend le commandement. Avec seulement 10.000 hommes, 200 canons et 30 chars à opposer à la Wehrmacht, il réussit à replier les unités en bon ordre au sud de la Loire.
Après l’Armistice, il est fait Grand Croix de la Légion d’Honneur.
En 1951, Pierre Héring mènera son dernier combat en devenant l’un des fondateurs de « l’A.D.M.P » qu’il présidera jusqu’à sa mort.
En 1959, il entamera avec le général de Gaulle, devenu Président de la République l’année précédente, une série d’entretiens visant à transférer la dépouille du vainqueur de Verdun à Douaumont. Les deux officiers se connaissaient depuis l’Ecole de Guerre, et s’estimaient mutuellement au-delà de toute polémique. L’affaire du transfert était bien engagée, soutenue par de vrais résistants soucieux de réconciliation nationale, comme le Colonel Rémy, lorsqu’une indiscrétion révéla publiquement le projet, ce qui le fit échouer.
Après avoir lutté toute sa vie pour changer les mentalités et les doctrines archaïques, ce visionnaire verra son enseignement triompher et mené par d’autres.
Pierre Héring meurt à Neuilly-sur-Seine le 14 Janvier 1963.
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* Publication du Général MARTIN le 06/05/45, commandant du 19ème Corps d’Armée
** Propos du général Héring le 11 juin 1940, rapporté par Léon BLUM au procès de RIOM.